Sa définition de l’identité basque

Témoin(s) : Sabine Cazenave

"Pour moi, cela ne peut pas se résumer à la langue ; évidemment je sais que cela passe par la langue, mais cela ne peut pas se résumer exclusivement à cela, car autrement je ne me sentirais pas basque, hors je me sens basque. Ce n’est pas une posture, parce que c’est plus facile à dire qu’à expliquer. Pourquoi je me sens basque ? Parce ce qu’il y a beaucoup de choses que l’on transmet par autre chose que la langue.

J’ai malheureusement grandi dans une famille où il y avait des basques et des gascons, mais je dis heureusement aussi car il y avait deux religions, des appartenances politiques extrêmement différentes et il y avait deux cultures nationales. Il y avait une culture espagnole et une culture française ; je pense que c’est une richesse personnellement. On ne m’a pas légué la langue car la langue de la rencontre de mes parents était le français, puisque mes parents étaient sous le coup de la loi Ferry qui interdisait aux enfants de parler le basque et le béarnais en dehors de la famille. Quand ils se sont rencontré, l’une parlait le basque et l’autre le béarnais, donc dans leur relation ils parlaient en français. Je suis de cette génération qui n’a pas appris le basque à l’école, mais quand je constate ce que l’on m’a légué comme culture, je suis bien obligée de constater que cela passe aussi par autre chose que la langue. Par exemple vous avez constaté que j’ai un accent, alors que j’ai passé plus de trente-cinq ans de ma vie loin d’ici. Donc cela veut dire que quelque chose de ma langue et de la langue de mes parents transparaît. Ce reste d’accent que j’ai, je le dois à ma mère qui était souletine. Je suis beaucoup plus basque que gasconne, j’en suis persuadée, parce que dans ma famille, il y avait des fratries de filles, les femmes avaient plus d’importance que les hommes. Je ne vous parle pas de tous les us et coutumes, tout ce qui fait société, les chants, la danse, etc. Cela passe aussi par le culte des ancêtres par exemple, ou encore, les français sont des gens de civilisations écrites alors qu’au Pays Basque on est des gens de civilisation orale ; cela a été un grand atout dans mon parcours, aimer parler et parler en communiquant quelque chose aux gens, et non pas parler pour parler. C’est quelque chose qui peut paraître naturel ici, mais qui ne l’est pas du tout quand vous travaillez dans un grand musée comme Orsay."


Témoin(s) : Sabine Cazenave

Fonds d'archives : Archives de l'Institut culturel basque

Collection(s) : Entretiens "Témoins de la culture basque"

Collections de témoignage(s):

Collecteur(s) : Jasone Iroz

Date : 08-09-2020

Durée : 0:04:02

Référence : EKL-18-4

Code d'archives de l'ICB : EKL-18-4

Thème(s) : Identité basque


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