Les nouvelles technologies

Témoin(s) : Marko Armspach

"On ouvre un grand chantier là. Oui c'est vrai, les réseaux sociaux sont entrés dans notre quotidien, et dans le mien tout particulièrement. Je participe de moins en moins mais il est vrai que ces dernières années, j'ai posté des dessins tous les jours sur une dizaine de réseaux sociaux. Aujourd'hui encore, je suis toujours sur Instagram, Twitter et Facebook. Sur les réseaux sociaux, il faut créer du flux tout le temps, et on a l'impression que si on passe une journée sans rien poster, on va mourir. Et puis non, on ne meurt pas. Il m'est aussi arrivé de poster un dessin un matin et de l'enlever au bout de dix minutes parce que personne n'avait réagi ! Je me surprends et me questionne lorsque je réalise le cycle infernal dans lequel je me suis embarqué. Dans certains cas, je le fais par pur plaisir ; je ne fume pas, alors je dessine. Par exemple, je fais les GIF du petit chat parce que cela ne me prend pas plus de dix minutes. Parfois j'ai aussi la sensation que je fais ça pour montrer que je vis dans notre monde actuel. Concernant les nouvelles technologies en général, j'ai commencé à travailler sur ordinateur suite à un problème important d'humidité ici au studio et qui m'a obligé à me séparer du papier et de l'encre. Au début c'était quelques dessins, puis très vite j'ai exécuté tout mon travail sur ordinateur. Aujourd'hui, je constate les deux conséquences majeures de ce changement. Tout d'abord, j'ai perdu confiance en moi : avant, lorsque je traçais mon premier trait à l'encre et au pinceau sur papier, c'était le bon, ce n'était pas facile de l'effacer, j'avais donc plus confiance, j'avais aussi une autre concentration. Maintenant, je fais, j'efface, je refais et je peux ainsi effacer un trait autant que je le souhaite. D'autre part, on adopte une autre posture devant un ordinateur ; sur une feuille de papier, un dessin est à sa mesure et la position du corps doit être ouverte. Sur l'écran, ce même dessin peut être agrandi autant qu'on le veut et par conséquent le mouvement de ma main et de mes doigts est beaucoup plus restreint, je fais des traits d’un ou deux centimètres. Tout cela a donc diverses conséquences : j'ai abîmé mes yeux, mon corps et ma main se sont comme recroquevillés et j'ai perdu confiance, ça m'a fait peur. Aujourd'hui j'essaie de plus en plus d'enlever l'écran mais ce n'est pas évident, tout d'abord parce que je suis dans l'industrie de la BD et que je dois continuer à dessiner les albums en respectant le même style que les numéros précédents. Je ne peux pas tout changer subitement. C'est aussi pour cette raison que j'ai voulu absolument réaliser mon dernier travail avec Claude Labat à l'aquarelle sur papier, je voulais reprendre confiance."


Témoin(s) : Marko Armspach

Fonds d'archives : Archives de l'Institut culturel basque

Collection(s) : Entretiens "Témoins de la culture basque"

Collections de témoignage(s):

Collecteur(s) : Jasone Iroz

Date : 23-01-2020

Durée : 0:04:35

Référence : EKL-15-12

Code d'archives de l'ICB : EKL-15-12

Thème(s) : Dessinateur


Droits et conditions de reproduction

Les contenus de cette page sont sous licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0)

Vous êtes autorisé(e) à partager et à adapter ce contenu. Vous devez cependant le créditer (CC BY-NC-SA 4.0 - Euskal kultur erakundea - Institut culturel basque - www.mintzoak.eus), intégrer un lien vers la licence et indiquer si des modifications ont été effectuées au contenu. Vous n'êtes pas autorisé(e) à faire un usage commercial de ce contenu, ou de tout ou partie du matériel le composant. Dans le cas où vous effectuez un remix, que vous transformez, ou créez à partir du matériel composant le contenu original, vous devez diffuser le contenu modifié dans les mêmes conditions, c'est à dire avec la même licence avec laquelle le contenu original a été diffusé.

Développé par CodeSyntax. CMS : Django.