Le rapport de la société actuelle à l'art

Témoin(s) : Gonzalo Etxebarria

"Je trouve que l’art est de moins en moins considéré dans notre société, pour des questions de rentabilité. On peut le constater autant dans les grands centres contemporains que dans les plus modestes, avec les grands artistes comme avec les artistes moins connus. A côté, il y a les artistes qui évoluent dans des circuits majeurs, mais c'est un autre monde, un autre univers. D’une façon générale, je crois que ce n'est pas un bon moment pour l’art. Mais par ailleurs, il me semble qu’il y a une certaine contradiction car pour moi, les gens ont un besoin de plus en plus évident d’extérioriser leurs sentiments. Je crois que l’art est un bon moyen pour exprimer sa personnalité, c’est un outil efficace qui répond aux besoins des gens d’extérioriser leur identité. Dans cette société, il est vrai que l’individualisme est omniprésent; de plus en plus, nous vivons dans un anonymat collectif et par conséquent les gens ont un besoin croissant d’exprimer leur personnalité. En ce sens je crois que je suis optimiste.

Au Pays Basque nord par exemple, il y a des espaces pour exposer mais les institutions n’ont d’yeux que pour les artistes de renoms; pour les gens plus «normaux», les artistes plus modestes, il est difficile de trouver une salle d’exposition; en ce qui me concerne, j’ai encore des demandes pour le moment. Par ailleurs, beaucoup de gens pratiquent la peinture, c’est bien mais cela ne signifie pas que tout ce qui se fait soit de bonne qualité. Il y a donc peu d’espaces dédiés et beaucoup de pratiquants. Tant mieux ! Cela veut dire que l’art se développe, c’est bien. On peut aussi parler des grosses structures comme le musée Guggenheim à Bilbao ou le centre culturel Tabakalera à Saint Sébastien et bien d’autres structures existantes dans les agglomérations importantes du Pays Basque; on y organise de très bonnes expositions mais ayant généralement peu de lien avec les gens du peuple, c’est en tout cas mon sentiment, il y a un belle offre artistique et de bonnes galeries mais pour un public restreint.

Il serait intéressant de réfléchir aussi à l’art populaire. C’est facile à dire et cela reste une idée philosophique; la concrétiser est autre chose. Mais ma conclusion est la suivante: beaucoup de personnes ont besoin d’art, peu de gens vivent de l’art dans de bonnes conditions, les circuits sont de plus en plus rares et fermés et les financements des projets artistiques sont aussi entre les mains du pouvoir, comme beaucoup d’autres choses d’ailleurs".


Témoin(s) : Gonzalo Etxebarria

Fonds d'archives : Archives de l'Institut culturel basque

Collection(s) : Entretiens "Témoins de la culture basque"

Collections de témoignage(s):

Collecteur(s) : Jasone Iroz

Date : 21-12-2017

Durée : 0:04:21

Référence : EKL-2-2

Code d'archives de l'ICB : EKL-2-2

Thème(s) : Arts plastiques


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