Archives de la Commission Phonographique prussienne (Allemagne)

Archives historiques des phonothèques du Musée Ethnologique (Phonogramm-Archiv) et de l'Université Humboldt de Berlin (Lautarchiv) contenant des enregistrements de prisonniers de guerre basques (1916-1917).

Le fonds dont l'ICB a reçu les copies numériques en 2014, 2016 et 2018, est ici traité dans son ensemble d'origine. 

La Commission phonographique royale prussienne

Elle est créée le 27 octobre 1915 à l’initiative du linguiste allemand Wilhelm Doegen (1877-1967), suite au projet de fondation d’une collection d’archives sonores de "tous les peuples de la terre" soumis au Ministère de la culture prussienne le 24 février 1914. Dans l’objectif de créer un "Musée de la Voix des Peuples", la situation de guerre est exploitée et les soldats étrangers internés dans les camps de prisonniers de guerre allemands sont enregistrés pour la première fois au moyen de techniques d'enregistrement modernes – phonographe et gramophone -. La vaste campagne de collecte est destinée à documenter la langue et la musique des prisonniers.

La Commission phonographique prussienne réunit près d’une quarantaine de scientifiques allemands de renom (ethnologues, linguistes, musicologues, anthropologues) sous la direction du chercheur en musique et psychologue Carl Stumpf, fondateur du Phonogramm-Archiv de Berlin.

Enregistrement d'un prisonnier. Au centre, Wilhelm Doegen © Humboldt-Universität zu Berlin

Pour mener à bien leur projet d’études interdisciplinaires, entre fin 1915 et fin 1918, ils vont se rendre dans 29 des 175 camps allemands de prisonniers de guerre, avec l’aval des autorités militaires. Ils recueillent 250 langues et dialectes enregistrés auprès de prisonniers originaires du monde entier. La vaste collecte représente 1650 disques grammophoniques, dont 63 en langue basque (principalement des documents à visée linguistique et quelques enregistrements musicaux) collectés par Hermann Urtel sous la direction de Wilhelm Doegen, et 1022 rouleaux de cire, dont 36 en langue basque (exclusivement des enregistrements musicaux) collectés par le musicologue Georg Schünemann (1884-1945) dans les camps Chemnitz (Vogtland), Mannheim, et au kommando de travail de Rottleberode (Südharz).

La Commission a été dissoute en 1920 et ses archives dispersées selon le type de support. Les rouleaux de cire Edison sont depuis 1991 archivés au Musée ethnologique de Berlin (après avoir été conservés à Leningrad puis à Berlin-Est), et les disques grammophoniques, à l’Université Humboldt de Berlin.

Les archives historiques de la Commission phonographique prussienne qui représentent une collection acoustique et documentaire unique de nombreuses cultures du monde, ont été numérisées et cataloguées entre 2012 et 2015, et seront de nouveau rassemblées au centre culturel Humboldt Forum à Berlin, fin 2020.

Le linguiste Hermann Urtel (1873-1926)

Hermann Urtel. Iturria: http://sosa2.uni-graz.at/sosa/nachlass/images/schuchardt-galerie/urtel.jpg
Hermann Urtel. Source : Karl-Franzens-Universität
Graz (Autriche). Galerie Schuchardt

Hermann Urtel, né le 21 septembre 1873 à Strasbourg et décédé le 22 octobre 1926 à Hambourg, est un linguiste romaniste allemand qui s’est consacré notamment à l'étude de la langue et de la culture du peuple basque. Nommé membre correspondant d’Euskaltzaindia, l’Académie de la langue basque, en 1919.
Il a mené la plus grande partie de sa carrière professionnelle dans l’enseignement secondaire, depuis 1898 en Alsace et de 1900 jusqu'à sa mort à Hambourg. En 1919, il est entré à la Faculté de Philosophie de l'Université de Hambourg comme linguiste romaniste et a été nommé professeur honoraire le 7 Juin 1926.

Pendant la Première Guerre mondiale, en tant que membre du Département des langues romanes et basque au sein de la Commission phonographique prussienne, il se consacre pour la première fois à l'étude de la langue basque. Dès le printemps 1916, il rencontre dans les camps de prisonniers, outre les Français, Catalans, Italiens, Albanais, Roumains et autres prisonniers de langue romane, des Basques français qui éveillent en lui un tel intérêt qu'il ne perd aucune occasion d'apprendre leur langue. Il va enregistrer 10 prisonniers originaires du Pays Basque nord, aux camps de Merseburg et Manheimm et à la scierie de Stolberg (Harz). Il recueille un grand nombre de légendes, histoires, chansons et superstitions, rédigées et transcrites phonétiquement.

Dès 1917, il profite de ses nouvelles connaissances du basque pour étudier les traces d'une strate linguistique préromane dans tout le sud de la France dans son ouvrage "Zum Iberischen in Südfrankreich".
En 1919, il publie "Zur baskischen Onomatopoesis" dans laquelle il traite en détail des onomatopées, de l'imitation des sons, des formes doubles et des éléments rythmiques musicaux et formels propres à cette problématique. En 1922, il participe au troisième congrès d'Etudes basques à Gernika (Biscaye), et donne à cette occasion une conférence intitulée "Le passé et l'avenir des études basques en Allemagne". Dans la même année et en 1923, il donne des cours et des conférences sur le basque à l'Université de Hambourg.
Il disparait en 1926 sans avoir eu le temps de publier les textes recueillis pendant la guerre et les recherches entamées sur le basque d’Arcangues.

- Sources, ressources webographiques et références bibliographiques (PDF)

Collections

Enregistrements

# Référence Commune Séquences
1 BER-01 - Pierre Ascarateil Alçay-Alçabéhéty-Sunharette 7
2 BER-02 - Saint-Jean Bidegaray Garindein 3
3 BER-03 - Jean-Noël Irigoyen Ainhice-Mongelos 4
4 BER-04 - Laurent Issuribehere Larressore 4
5 BER-05 - Joseph Jaureguiber Larrau 39
6 BER-06 - Pierre Labadie Hasparren 4
7 BER-07 - Jean-Baptiste Mendiburu Saint-Jean-de-Luz 2
8 BER-08 - Pierre Mendiburu Armendarits 1
9 BER-09 - Antoine Suhas Arcangues 33
10 BER-10 - Jean-Baptiste Suhas Arcangues 12

Statistiques du fonds d'archive

Nombre de témoins :

10

Heures d'enregistrements :

3

Nombre de séquences :

109

Sons/vidéos en ligne :

43
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